5ème : Comment je fais toutes mes courses sans produire aucun déchet (ou presque)

Parce qu’on a vraiment envie de vous raconter comment c’est pas si compliqué le zéro déchet, que c’est qu’une question d’habitude, d’y aller progressivement…les bénévoles de Zero Waste Marseille vous racontent leur quotidien de « zerowaster ». C’est Fiona qui commence, avec son parcours type pour les courses d'une habitante du 5ème :

 

On sait bien ce qui vous fait peur : être obligé de passer des heures par semaine à faire vos courses dans plusieurs lieux différents, et que ça vous coûte plus cher. Et bien je suis d’accord avec vous, figurez-vous. J'ai eu le même réflexe quand j'ai entendu parler de zéro déchet. Je vous raconte ici un petit bout de mon quotidien zéro déchet, je vous donne même le détail de ce qui sort de mon porte-monnaie. Allez, accordez-moi quelques minutes (4 exactement) que j’essaye au moins de vous convaincre d’essayer.

 

Le contexte : les courses c’est pas trop notre passion, mon compagnon et moi. Pompon sur le gâteau, on se complique la tâche à être (un peu) des extrémistes du bio, du genre de ceux qui manifestent pour « Nous voulons des coquelicots », après avoir lu tous les livres de Fabrice Nicolino – qu’on vous recommande vivement, cela dit. On est devenu en trois ans des pro du zéro déchet (enfin surtout moi), même si on en produit quand même encore, je vous rassure. D’ailleurs, nos vilains déchets seront ici pointés du doigt avec cette couleur.

 

Le mercredi, c’est marché, c’est sacré. Pas qu’on soit végétarien non non, mais si on loupe le marché, on est mal. C’est là qu’on fait nos plus grosses courses, et on tient beaucoup à manger local et de saison. Armés d’un bon vieux panier, on arpente le marché de producteurs du Cours Julien à 15mn à pied de chez nous.

On achète tous nos légumes pour la semaine (avec nos sacs en tissu ou filets), le pain pour la semaine (sac en tissu), nos œufs pour la semaine (avec toujours la même boîte qu’on ramène d’une fois à l’autre), et des fois un morceau de fromage ou un bout de viande (dans nos tup’). On craque de temps en temps pour une tielle, qu’on nous donne dans un sachet kraft qui, trop gras, ne pourra pas être recyclé. Budget du marché : 30 € en moyenne.

 

Pour le reste, on fait l’essentiel de nos courses de produits secs en vrac au magasin Day by Day, juste à côté de la place Sébastopol, encore 15mn à pied de chez nous. Je triche un peu, Karine est la trésorière et co-fondatrice de Zero Waste Marseille, j’ai toujours plein de bonnes raisons d’aller la voir.

J’y achète toutes nos pâtes, lentilles, céréales, bicarbonate, savon de Marseille, savon noir, biscuits apéros, biscuits gouters, légumineuses, etc…. Mais aussi nos gourdes, cotons démaquillants réutilisables, brosses à vaisselle, etc… Pour tout ça, mon bon vieux panier est encore là, rempli de sacs en tissus, sacs en papier que je réutilise, et quelques petits bocaux pour les denrées qui ne se mettraient pas dans des sacs (café fraîchement moulu sur place, sirop d’agave, miel, …).

Et puis, si je n’ai pas bien prévu mon coup, je pique sur place des sacs en papiers ou des bocaux mis à disposition gratuitement. Je tare moi-même mon contenant, je remplis, je passe à la caisse. Comme tout est sec, je ne fais pas vraiment attention aux quantités, tout se conservera très bien dans mes bocaux et leurs joints en silicone. Après une galère de mites il y a deux ans, je ne laisse plus rien passer : mes placards sont lavés au vinaigre blanc et j’ai mis des clous de girofle dans des coupelles, les mites détestent les fortes odeurs.

 

Certaines fois, on fait quand même un tour à la Biocoop Chave, 10 mn à pied. Même combat : sacs en tissu pour le vrac et les légumes, bocal pour le café, tup’ pour le fromage. C’est là aussi que je prends le beurre et des fois du fromage râpé. Certes, cette fois-ci, il faut demander à ce qu’on nous fasse la tare en caisse, espérant qu’il n’y ait pas trop de monde. Budget cumulé Day by Day/Bio coop : environ 30€ par semaine.

 

 

De temps en temps, on va à la boucherie d’à côté. Le boucher a l’habitude maintenant de nous voir arriver avec nos « boîtes », on lui demande même plus… Pareil pour les poissonniers de Castellane.

 

Tous les trois mois, on fait une commande en ligne sur Greenweez, où on trouve des produits bio moins chers qu’en boutique. Attention, là c’est pas joli… On y prends du lait de riz, des tablettes de chocolat et des produits conditionnés dans du verre (moutarde, pâte à tartiner, huiles, maïs, …).

Ce qui est moche, c’est que le tout est emballé dans du carton gondolé (hop au compost) mais surtout, dans du papier bulle… On le réutilise le plus possible, mais bon, vous avez besoin de papier bulle souvent vous ? Le gros carton, lui, devra être amené à la déchetterie (et non dans la poubelle comme semblent le penser la plupart des marseillais). Budget : 90 € en moyenne tous les trois mois.

 

Et puis bien sûr, on cuisine pas mal : des gâteaux, des pâtes à tartes, parfois des pâtes fraîches, des biscuits, des pancakes, des jus pressés, … Mais plus par plaisir de gourmand que par obligation, car on trouve tout ce dont nous avons vraiment besoin en vrac.

 

Côté produit d’entretien, on fait tout nous-mêmes. Le placard sous l’évier ne contient que les ingrédients indispensables du parfait zerowaster : savon de Marseille, savon noir, bicarbonate de soude, percabonate de soude, terre de Sommières, cristaux de soude et vinaigre blanc en bouteille plastique (c’est cher en vrac…).

Pour les cosmétiques, je fais presque tout moi-même aussi (allergies obligent) : le shampoing, le dentifrice, le déo, les savons, la crème, le savon à barbe de monsieur, mon démaquillant, le roll-on pour les boutons, le roll-on pour les cernes, … Même si je suis quand même obligée de commander certains ingrédients en ligne, conditionnés pour la plupart dans des boîtes ou sachets en plastique (surtout le tensio-actif pour le shampoing). Mon seul pêché : une crème teintante bio dans un petit tube en plastique (un par an, ça vaaaa). Globalement, j’évite quand même pas mal de déchets dans la salle de bain.

 

Je fais souvent un tour dans le quartier de Noailles : J'y trouve du beurre de karité, des argiles, des épices, du savon noir, des plantes aromatiques, ...  

 

J’ai presque oublié de vous parler du Géant Casino d’à côté, à 2mn à pied – si vous avez bien suivi, vous savez maintenant où j’habite. On y va quand même, je ne vais pas vous mentir : papier toilette et boissons (bières, vins, jus en bouteille) uniquement.

Budget : 10 € en moyenne par semaine. 

 

Dernière chose : avant on craquait très facilement pour la livraison de sushis, indien, libanais ou le falafel d’en face (là vous êtes carrément capable de sonner chez moi demain)… Maintenant on se motive, on va au resto, et le sushi/falafel c’est vraiment très très ponctuel, parce qu’après, de toute façon, on culpabilise.

Bon j'ai quand même un sérieux problème avec les envies de grignoter complètement inopinées et irrésistibles, qui m'amènent bien souvent à la boulangerie en pleine journée pour un encas bien emballé. J'y travaille.

 

Bref, tout ça c’est quand même une affaire qui roule bien. De nouvelles habitudes que nous avons prises petit à petit, jusqu’à en arriver au fameux : Mais on faisait comment avant ?!

 

A deux, nous avons un budget courses de 80 € en moyenne par semaine[1], c’est pas si mal, non ? 

A noter que la presque totalité de nos repas sont pris à la maison (la distance entre mon lit et mon bureau étant d’à peu près 6 mètres). Je vous assure aussi que nous ne souffrons d’aucune carence en quoi que ce soit, nous avons les mêmes habitudes alimentaires qu’avant, à quelques concessions près. Même si j’ai mis du temps à me séparer des chips, des crèmes desserts et des biscuits suremballés… Et si vous avez bien suivi, on fait tout à pied. Bilan carbone = 0.

 

Mais surtout, au-delà même de la motivation écologique derrière tout ça, du plaisir de consommer différent pour protéger notre environnement, on se régalerait presque à faire nos courses pardi.

On aime discuter avec le boucher, s’entendre dire « ha si tout le monde faisait comme vous », demander conseil aux producteurs sur la cuisson des légumes, supplier l’épicerie vrac de proposer de la moutarde et de la tomate concassée.

On se sent moins petits dans cette grande ville, on connait bien notre quartier. Quand je vais au supermarché, je ne regarde plus les rayons de la même manière, je me demande comment j’ai fait pour ne pas me rendre compte de la quantité d’emballages inutiles qu’on nous propose à perte de vue. Et ça ne me dérange pas du tout de n’avoir le choix qu'entre 5 types de pâtes différentes seulement contre 50 avant, puisqu’elles sont vraiment bonnes mes pâtes, que je sais ce qu’elles contiennent et d’où elles viennent, vraiment.

 

Vive le zéro déchet, vive la consommation consciente, vive Marseille !

 

Fiona

 

 

Mes bonnes adresses :

- Marché de producteurs du Cours Julien, tous les mercredis matin (6ème)

- Day by Day, 5 rue Granoux (4ème)

- Biocoop Chave, 103 rue du Camas (5ème)

- Marché de Castellane, tous les jours (6ème)

- Boucherie Baille, 171 boulevard Baille (5ème)

- Quartier de Noailes (1er)

 

 

[1] Certains de mes complices de Zero Waste Marseille font encore mieux ! A suivre dans les prochains articles. 

Commentaires: 5
  • #5

    Fiona (mardi, 08 janvier 2019 22:11)

    Caroline R, retrouvez toutes nos recettes sur ce site !

  • #4

    Caroline R (mardi, 08 janvier 2019 20:24)

    Bonjour et bravo pour votre démarche.
    Pour ma part je m'y suis mise depuis septembre et effectivement c'est long. Le changement d'habitude n'est pas si simple mais je suis ultra motivée. Comme vous j'ai mes adresses: day by day j'adore et à chaque fois que j'y vais avec ma fille elle adore: en plus j'en profite pour lui donner les bonnes habitudes. La semaine dernière mon boucher m'a félicité de ma démarche (ça fait toujours plaisir �)
    Je voulais vous demander où est ce que vous trouver vos recettes ? Par exemple j'ai essayé le shampoing solide et ça ne me réussi pas, j'ai dû faire marche arrière sur ce produit et j'aime pas ça �
    J'ai des recettes de lessive mais les commentaires dise que ça peut "boucher la machine" ! Bref comment trouver les bonnes recettes?
    Merci d'avance pour votre aide
    Caroline

  • #3

    Marie (mardi, 08 janvier 2019 18:28)

    Pour ne plus culpabiliser pour les cremes dessert, une recette maison ( c'est une tuerie et ça prend 5mn):https://cuisine.notrefamille.com/recettes-cuisine/delicieuses-petites-cremes-dessert-maison-_38200-r.html

  • #2

    Noémie (lundi, 07 janvier 2019 20:06)

    J'adore !!
    J'ajouterai quelques petits conseils : la moutarde maison c'est ultra rapide à faire, je trouve les graines en vrac à l'herboristerie du Père Blaize, et ça se conserve bien.
    De notre côté on achète les huiles et vinaigre balsamique en vrac, pas plus cher qu'à la biocoop.
    Et les sushi ou les repas à emporter, j'ai testé le tupp, ça marche :)

  • #1

    PoPâ (lundi, 07 janvier 2019 15:20)

    Bravo ma belle !
    Trop fier de toi

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